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Rencontre avec Antoine Philippe

Une petite mousse entre amis ? Oui, mais artisanale et locale, c’est encore meilleur !


Antoine, fondateur de la Brasserie La Française, nous raconte son aventure entrepreneuriale et sa quête de sens à travers la production de bières artisanales.



Bonjour Antoine, vous êtes le fondateur de la Brasserie La Française. Quelle est votre démarche ?


Issu du secteur des travaux publics, j’ai gravi les échelons, passant du poste d’ingénieur à la direction de centaines de collaborateurs. Puis un jour, j’ai ressenti l’envie de tout changer, de travailler sans patron, et surtout de faire ce qui me plaît.


Amateur de bière depuis toujours, j’ai grandi dans un univers viticole, mes parents étant vignerons champenois. J’y retrouve de nombreuses similitudes avec le métier de brasseur : les caves, les salons, la distribution.


Aujourd’hui, à la brasserie, nous élaborons quatre bières artisanales, dont la Triple, créée pour rivaliser avec les plus grandes bières belges. Elle correspond parfaitement à ce que je voulais obtenir.


Initialement, je pensais que la grande distribution et les cavistes représenteraient 50 % de mes ventes. Finalement, j’ai découvert le plaisir de la vente directe : échanger avec les consommateurs est une vraie surprise et une immense satisfaction. Aujourd’hui, la vente sur place, dans mon établissement où j’ai installé un bar ouvert en fin de semaine, représente un tiers de mes ventes.


Dès que nous pourrons rouvrir, nous comptons inaugurer une nouvelle terrasse extérieure et un four à bois pour proposer une cuisine à la hauteur des boissons servies.


📍 À Noisy-le-Grand, la brasserie accueille des groupes musicaux chaque week-end. L’ambiance est conviviale et familiale, totalement différente de celle des bars traditionnels.



Vous êtes installé depuis un an. Quel a été votre parcours pour devenir brasseur ?


J’ai commencé par une formation très académique à l’IFBM de Nancy, où j’ai appris en 15 jours les rudiments du brassage et de la malterie.

Ensuite, je suis parti en immersion chez des amis brasseurs dans le sud de la France, où j’ai pu me former pendant deux mois.


En 2019, j’ai fait brasser mes premières bières chez un confrère du Val-d’Oise, qui utilise le même matériel que moi. C’est également auprès de lui que je me fournis en malt d’orge local.



Il y a aujourd’hui dix fois plus de brasseurs en France qu’il y a cinq ans. Comment expliquez-vous ce phénomène ?


Nous suivons exactement le modèle de l’Amérique du Nord. Il y a dix ans, aux États-Unis et au Canada, les brasseries artisanales ont capté 20 % du marché de la bière au détriment des industriels.

Aujourd’hui, en France, les microbrasseries ne représentent encore que 5 % de la consommation totale de bière.


Tendance générale : la consommation d’alcool en France baisse depuis 20 ans.📈 Exception notable : la bière artisanale connaît une croissance à deux chiffres, au détriment des brasseries industrielles.


Ce changement de consommation est une opportunité formidable pour le développement d’une bière de qualité.


Pourquoi ?La législation française impose au moins 50 % de malt pour qu’une boisson puisse porter l’appellation "bière".✔ Les industriels respectent le strict minimum et complètent avec des céréales non maltées, qui coûtent jusqu’à quatre fois moins cher.✔ Pour obtenir une bière forte (8° et +), ils utilisent souvent du sucre en remplacement du malt pour réduire les coûts.✔ Les bières artisanales, quant à elles, sont non filtrées et non pasteurisées, ce qui renforce leur qualité – mais augmente leur coût de production.



Si nous nous projetons dans cinq ans, comment voyez-vous l’évolution du secteur ?


Je suis très optimiste. Si nous suivons le modèle nord-américain, il y a encore énormément à faire !


Le secteur est varié :

💰 Certains passionnés lancent leur brasserie avec 50 000 € d’investissement.

👨‍🔧 À ce niveau, ce n’est pas encore viable financièrement, mais cela permet de vivre sa passion.


L’avantage du milieu brassicole, c’est la solidarité : nous ne nous considérons pas comme des concurrents, mais comme des confrères.


Aux États-Unis, certaines microbrasseries ont été rachetées par les industriels. Ce phénomène commence à émerger en France :

📌 Il y a un an, Heineken est entré au capital de la brasserie Gallia (fondée en 1890).



lus globalement, les industriels s’inspirent des brasseries artisanales en reprenant des codes comme :👉 "Non filtré", "IPA", "Pale Ale", mis en avant sur leurs bouteilles.



Vous utilisez du malt d’orge issu d’une ferme francilienne. Quels sont les avantages ?


Notre carton d’emballage vient de Seine-et-Marne.

Nos étiquettes sont produites près d’Orléans.

Nos bouteilles viennent du Nord de la France.


Le sourcing local fait partie intégrante de notre projet, un choix stratégique, mais coûteux


Les productions locales sont moins nombreuses et moins diversifiées, ce qui les rend instables.

D’une année sur l’autre, certaines récoltes ne sont pas classées brassicoles.

Le circuit court, une demande forte et croissante


La consommation locale est une tendance de fond qui s’accélère avec la crise sanitaire. Les consommateurs recherchent du sens.



La valorisation des coproduits : un enjeu écologique


Les brasseries artisanales s’inscrivent aussi dans une logique écologique et circulaire.

Les coproduits, une ressource précieuse


Après le brassage, le malt d’orge peut être :

Composté

Utilisé comme aliment pour le bétail

Transformé en produits alimentaires : pain, biscuits, pâtes...


De nombreux entrepreneurs innovent pour donner une seconde vie aux drêches !



Microbrasserie vs. brasserie industrielle : où est la limite ?


Ce n’est pas qu’une question de volume, c’est d’abord une question de méthode :

✔ Bières non filtrées, non pasteurisées

Proportions de malt élevées

Pas d’ajout excessif de sucre


À la Brasserie La Française, nous prévoyons de brasser de petites séries limitées, avec des bières originales et innovantes. Casser les codes du brassage classique, c’est un des avantages majeurs du microbrassage.


📍 Brasserie La Française

Noisy-le-Grand (93)🔗 www.brasserielafrancaise.fr


Envie d’une bière artisanale locale et engagée ? Venez leur rendre visite !


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